Agronomie
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Que change la nouvelle PAC 2025 pour mon exploitation ?

La Politique Agricole Commune évolue en 2025. Si vous êtes agriculteur, vous vous demandez sans doute ce que cette réforme implique concrètement pour votre exploitation.

Entre exigences environnementales renforcées, modifications des aides animales et ajustements liés aux écorégimes, il est essentiel de comprendre les nouvelles règles pour adapter votre stratégie et préserver vos aides.

Des règles environnementales qui se durcissent

Parmi les principales nouveautés de la PAC 2025, la protection des zones humides et tourbières devient une priorité. Il est désormais interdit d’y effectuer des actions telles que le remblayage, le drainage, le brûlage ou toute forme de prélèvement sans autorisation préalable. Ces mesures visent à renforcer la préservation de la biodiversité et à limiter les émissions de carbone stocké dans ces milieux sensibles. Toutefois, elles peuvent aussi avoir un impact financier direct si certaines surfaces agricoles utilisées (SAU) deviennent inéligibles aux aides, ce qui implique une baisse potentielle des paiements.

Autre changement majeur : les conditions liées à la BCAE7 évoluent. Pour remplir vos obligations en matière de rotation des cultures, vous aurez désormais le choix entre une rotation annuelle ou pluriannuelle, ou une simple diversification des cultures. Cettesouplesse peut s’avérer avantageuse pour les exploitations en polyculture, tout en offrant plus de marge de manœuvre dans la planification.

La BCAE8 connaît également un ajustement. L’obligation de maintenir 4 % de jachères ou d’infrastructures agro-écologiques est supprimée. Cela représente un allègement réglementaire, mais attention : certaines de ces surfaces restent stratégiques pour accéderaux écorégimes, et il peut être pertinent de les maintenir pour optimiser vos aides.

Des aides animales recalculées selon de nouveaux critères

La PAC 2025 modifie la façon dont sont attribuées les aides animales, notamment pour les exploitations bovines. Les aides seront désormais calculées en fonction des unités de gros bétail (UGB) âgées de plus de 16 mois. Un plafond de 120 UGB par exploitant est introduit, avec une limite de 1,4 UGB par hectare. Au-delà, un écrêtement s’applique, réduisant le montant perçu.

Les montants eux-mêmes sont revus à la baisse. Pour les vaches allaitantes, on parle de 99 euros par UGB en 2025, tandis que les vaches laitières bénéficieront de 54 euros par UGB. Ces montants peuvent représenter une perte notable si l’exploitation dépasse les seuils fixés ou ne parvient pas à équilibrer son ratio bétail/surfaces.

Du côté des éleveurs ovins et caprins, la structure des aides reste stable. Cependant, les montants sont revus à la baisse, avec une réduction de 6 %. Cela nécessite une anticipation dans les prévisions économiques, surtout dans un contexte où les marges se resserrent.

Les écorégimes : toujours au cœur du dispositif

Les écorégimes demeurent un élément central pour bénéficier des aides de la PAC. Pour être éligible, chaque exploitant doit opter pour l’une des trois voies proposées : la mise en place de pratiques agricoles vertueuses, la détention d’une certification environnementalereconnue (comme HVE ou AB), ou le maintien d’infrastructures agroécologiques telles que les haies, les bandes enherbées ou les mares.

Ces critères doivent être respectés avec rigueur. En fonction de vos choix de déclaration, certaines surfaces peuvent être plus ou moins valorisées. Par exemple, une prairie permanente intégrée dans le système peut générer une aide moins élevée qu’une jachèredéclarée dans un écorégime, avec un écart pouvant atteindre 62 euros par hectare. Il est donc crucial de bien réfléchir à votre stratégie et de procéder à une déclaration précise.

Un impact financier à ne pas négliger

L’ensemble de ces ajustements, qu’ils concernent la conditionnalité environnementale ou le mode de calcul des aides, peut avoir un impact significatif sur les finances de votre exploitation. Une mauvaise anticipation ou une déclaration incomplète pourrait entraîner une baisse non négligeable de vos aides.

Pour éviter les mauvaises surprises, il est fortement recommandé de faire un point technique sur vos pratiques actuelles, vos types de surfaces et votre densité animale. De nombreux outils de simulation sont disponibles, et il est également possible de bénéficier de l’accompagnement des Chambres d’Agriculture ou de cabinets spécialisés.

Ce qu’il faut retenir pour votre déclaration PAC 2025

La période de télédéclaration est ouverte du 1er avril au 15 mai 2025. Vous devrez effectuer l’ensemble de vos démarches via la plateforme officielle Télépac.

Comme chaque année, les délais sont serrés, et avec les nouvelles conditions à intégrer, il est préférable de ne pas attendre la dernière minute.

En amont de cette échéance, prenez le temps d’évaluer vos parcelles, vos pratiques, et les critères environnementaux que vous remplissez déjà ou ceux qu’il serait judicieux d’atteindre. Dans certains cas, une simple modification de vos couverts végétaux ou l’ajout d’une bande enherbée peut faire la différence.

En conclusion : anticipez pour optimiser

La PAC 2025 introduit de nombreuses évolutions qui nécessitent une adaptation. Certaines mesures représentent des contraintes supplémentaires, notamment sur le plan environnemental, tandis que d’autres offrent des leviers d’optimisation, comme la souplesse de la BCAE7 ou le choix des écorégimes.

Ce qu’il faut retenir, c’est que votre déclaration PAC n’est plus un simple acte administratif. Elle devient un véritable levier stratégique, capable d’optimiser votre revenu ou, au contraire, de générer des pertes si elle est mal préparée.

Pour aller plus loin, des formations spécifiques sont proposées par les réseaux agricoles. Elles permettent de mieux comprendre les enjeux de la PAC 2025 et de faire les bons choix pour votre exploitation.